Convention Carbocage : donner une valeur au crédit carbone
Signature de la convention Carbocage entre la chambre régionale d’agriculture et le crédit agricole Normandie Seine. Objectif : accompagner les agriculteurs à séquestrer du carbone dans les haies et à le valoriser.
Signature de la convention Carbocage entre la chambre régionale d’agriculture et le crédit agricole Normandie Seine. Objectif : accompagner les agriculteurs à séquestrer du carbone dans les haies et à le valoriser.

Le vendredi 4 novembre, Sébastien Windsor, président de la Chambre régionale d’agriculture de Normandie et Pascal Lheureux, président du Crédit Agricole Normandie Seine, ont signé une convention de partenariat pour accompagner les agriculteurs à séquestrer du carbone dans les haies. Cette signature officielle a eu lieu à Conteville, sur l’exploitation de Sébastien et Aline Catoir qui viennent de s’engager dans une démarche Carbocage avec six autres agriculteurs du pays de Bray. La démarche Carbocage a été initiée pour valoriser le potentiel de stockage du carbone par la haie. Testée dans la Manche en 2020, elle s’appuie sur une méthode “haie” reconnue pour l’obtention du label bas carbone et permet la mise en place d’un marché local du carbone à partir de crédits issus de haies gérées durablement et de plantation.
Une dynamique au sein d’un GDA
« Dans le cadre du plan de relance de l’État, nous venons de planter plus de 600 mètres de haies pour apporter de l’ombre à nos animaux. Nous avons aujourd’hui environ 7 kilomètres de linéaires sur notre exploitation. Nous avons réfléchi au sein de notre groupement de développement agricole (GDA) entre Bray et Picardie à regrouper la gestion des linéaires des agriculteurs du territoire souhaitant s’engager dans la démarche Carbocage. Un plan de gestion des haies a donc été rédigé par les services de la Chambre d’agriculture », explique Aline Catoir.
« Le plan de gestion durable des haies est un préalable pour entrer dans la démarche Carbocage. C’est un outil qui apporte aux agriculteurs un état des lieux de leurs linéaires et qui propose aux agriculteurs une planification des travaux d’entretien et de valorisation des haies à l’échelle de l’exploitation », a ajouté Nicolas Coufourier, conseiller à la Chambre d’agriculture au pôle territoire et environnement.
Contractualisation grâce à symbiose Normandie
Carbocage se sert de ce plan de gestion réalisé par les services de la Chambre d’agriculture pour connaître le montant des crédits carbone et en informer les financeurs. « Avec Carbocage, on donne une valeur au crédit carbone. Sur le stockage du carbone cela est acquis, mais nous sommes en discussion avec le ministère de la Transition écologique pour que l’aspect biodiversité soit également pris en compte dans cette valeur », précise Sébastien Windsor.
La contractualisation entre les agriculteurs et les acteurs privés ou publics qui veulent acheter des crédits carbone sera assurée par l’association Symbiose Normandie qui vient d’être créée par la FRSEA, les Jeunes agriculteurs et la Chambre régionale d’agriculture. Elle aura pour mission de gérer la partie paiement pour service environnemental. Des discussions sont en cours sur le prix du crédit carbone, avec l’espoir d’atteindre les 90-100 euros la tonne. Le Crédit Agricole sera quant à lui l’interlocuteur auprès des entreprises qui veulent se positionner sur le marché du carbone volontaire.
Ne pas sanctuariser les haies
« Nous sommes confiants sur le marché du carbone. Il y a déjà quelques négociations de gré à gré qui se font », précise Pascal Lheureux. Le président du Crédit Agricole Normandie Seine a expliqué la création récente de Normandie Seine Énergie qui permettra de justifier la capacité de l’organisme bancaire à apprécier la qualité environnementale des entreprises et de les accompagner dans leurs transitions.
« Nous allons avoir besoin d’être accompagnés par les pouvoirs publics pour encourager les agriculteurs à planter des haies. Il faut que l’Office français de la biodiversité arrête de vouloir sanctuariser les haies qui sont des éléments vivants du territoire », a insisté Sébastien Windsor. •