Chez les Linck, une adaptabilité à toute épreuve
Agnès et Xavier Linck élèvent 60 vaches laitières (90 % de prim’holstein et 10 % de normandes), à Neuville-sur-Touques (61). Le couple travaille ensemble depuis 35 ans et engage une réflexion pour transmettre l’outil à horizon 2026.
Agnès et Xavier Linck élèvent 60 vaches laitières (90 % de prim’holstein et 10 % de normandes), à Neuville-sur-Touques (61). Le couple travaille ensemble depuis 35 ans et engage une réflexion pour transmettre l’outil à horizon 2026.






Agnès et Xaxier Linck ont le même âge, 60 ans. Le couple s’est rencontré sur les bancs du CFTA de La Ferté-Macé, à 21 ans. Pendant les quelques années passées à travailler à l’extérieur, le jeune couple cherche une ferme laitière où s’installer. Tous les deux sont amoureux du lait. « Les vaches, c’est presque tout chez nous. » Ils ratissent l’Orne et la Manche, d’où Agnès est originaire. Sans trouver.
Dix ans de Gaec à six
En 1988, la décision de créer un Gaec à six, à Neuvilles-sur-Touques, est actée. Les associés sont les parents de Xavier, son frère et sa femme, Agnès et Xavier. « À l’époque, il y avait 70 ha. Quand on s’est installé en janvier, on a eu 100 000 l de quota. Mon frère et sa femme aussi, quand ils sont arrivés en avril de la même année. On a créé un atelier de transformation du lait et un autre d’élevage de chèvres. » Les exploitants vendent alors de la crème, du beurre, du fromage au lait de vache et au lait de chèvre. Au bout de dix ans, l’organisation lâche. « Mon frère et ma belle-sœur ont arrêté en 1997. Mes parents sont partis à la retraite à la fin de la même année. En janvier 1998, nous nous sommes retrouvé seuls. On s’est dit que ça n’allait pas le faire. » Le couple Linck reste positif. Il se renseigne auprès de l’administration. « On a tout passé en quota laiterie et on a perdu 100 000 l. On a arrêté les chèvres. On a dissout le Gaec et on a créé une EARL. »
Maîtres chez eux
Si les femmes à l’époque n’avaient pas le droit d’être associées en Gaec, ce n’est plus vrai en 2015. Agnès et Xavier rechangent les statuts de la société. Et le binôme fonctionne bien : lui gère la partie alimentation du troupeau, elle la reproduction. Xavier aime les prim’holstein, Agnès les normandes. Le compromis est trouvé et la race régionale est introduite dans le cheptel. Ils sont maîtres chez eux et ils aiment leur métier. Xavier prend des responsabilités dans les Cuma, à la Chambre et à la FDSEA. En 2020, ils s’accordent pour installer un robot pour 60 vaches. « Aujourd’hui on a deux salariés à temps partiel. Mais il y a trois ans, on ne trouvait personne pour nous aider à traire. Et le robot peut être un argument pour la reprise de notre ferme. »
Donner une image positive du métier
Car ils se sont renseignés : ils auront le droit de partir à la retraite en 2026. Aucun de leurs trois enfants n’est intéressé. Agnès et Xavier se penchent donc sérieusement sur la question de la transmission. « On a fait une étude de reprenabilité et nous sommes inscrits sur le Répertoire départ installation (RDI) de la Chambre depuis un mois. » Xavier pense aussi à suivre une formation sur le sujet à la Chambre. Dans l’idéal, ils aimeraient éviter l’agrandissement et préfèreraient un jeune, dans la même configuration que la leur. Mais ils ne sont pas fermés au changement, « du moment que la réflexion du repreneur fera vivre le système. » Agnès et Xavier resteront propriétaires de 65 ha. « On se lance aussi avec lui. » L’important, selon eux, c’est l’envie de faire du lait. « On l’a fait pendant 35 ans. On a connu les pénuries et les crises, mais on s’est relevé à chaque fois. Quand nous nous sommes installés, nous avions une réelle motivation. Aujourd’hui, notre système fonctionne. Nous voulons donner une image positive du métier. »•