Une nouveauté en matière de désherbage du lin fibre
Une stratégie efficace de désherbage repose sur une combinaison de leviers. C'est ce que présentait Benoît Normand, ingénieur régional Arvalis, lors du colloque lin fibre qui avait lieu à Amiens ce 28 janvier. Il présentait notamment Colzamid, une nouvelle solution chimique à disposition des liniculteurs.
Une stratégie efficace de désherbage repose sur une combinaison de leviers. C'est ce que présentait Benoît Normand, ingénieur régional Arvalis, lors du colloque lin fibre qui avait lieu à Amiens ce 28 janvier. Il présentait notamment Colzamid, une nouvelle solution chimique à disposition des liniculteurs.

Renouée des oiseaux, chénopode, coquelicot, vulpin ou ray-grass rivalisent avec le lin pour la lumière, l'eau et les éléments nutritifs. "Une forte infestation entraîne une réduction du rendement et une pollution des fibres par la présence de graines étrangères. Les adventices augmentent aussi l'humidité des pailles, ce qui complique leur transformation", rappelle Benoît Normand, ingénieur Arvalis, lors du colloque lin fibre qui avait lieu à Amiens ce 28 janvier.
Pour lutter contre ces mauvaises herbes, les agriculteurs disposent de moins en moins de solutions chimiques. "L'Avadex 480 (triallate) a connu un retrait de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) en septembre 2023, qui a entraîné un arrêt de distribution depuis mars 2024 et une fin d'utilisation fixée au 29 mars 2025", rappelle Benoît Normand. Une nouveauté est cependant disponible, pour les situations de forte pression : Colzamid (napropamide 450 g/l), qui cible les graminées et certaines dicotylédones comme les coquelicots et les géraniums. Encore faut-il savoir s'en servir.
D'après les essais réalisés par Arvalis, des précautions d'utilisation sont à respecter : "Il faut intervenir uniquement en post-semis/pré-levée dans les 48 heures maximum après le semis, à une dose maximale de 1,5 l/ha. Il faut aussi s'assurer des conditions climatiques dans la dizaine de jours qui suivent l'application (absence de gel et de pluviométrie)." Benoît Normand déconseille le Colzamid sur sols filtrants en cas de semis tardifs (lin d'hiver), et prévient qu'il faut s'assurer en tous les cas d'une bonne structure de sol. "Les mélanges sont encore en cours d'évaluation, donc déconseillés pour le moment", ajoute-t-il. En lin d'hiver, "la dose de 1,5 l/ha est aussi le meilleur compromis efficacité/sélectivité, à condition de l'appliquer en pré-levée."
Leviers agronomiques
Mais une stratégie de lutte contre les graminées doit surtout reposer sur "une approche intégrée combinant des stratégies agronomiques, mécaniques et chimiques", pointe Benoît Normand. Et de rappeler les stratégies agronomiques de lutte. La rotation, avec l'alternance culturale, est primordiale. "Intégrer des cultures intercalaires permet de perturber le cycle de vie des adventices et de réduire leur stock semencier dans le sol." Le décalage de la date de semis permet d'esquiver des levées d'adventices. Les faux-semis peuvent être envisagés. "Cette technique consiste à préparer un lit de semences, laisser germer les adventices, puis les détruire mécaniquement avant le semis du lin." Question gestion du sol, un travail superficiel aide à limiter l'implantation des adventices en préservant la structure du sol, tout en empêchant la germination des graines enfouies.
Du désherbage mécanique en rattrapage
Le désherbage mécanique, lui, est une solution complémentaire aux herbicides. La houe rotative et la herse étrille sont efficaces sur de jeunes adventices, mais nécessitent des conditions sèches et un stade précoce du lin (3 à 15 cm). Le binage, adapté aux parcelles bien structurées, permet une action ciblée contre les adventices les plus résistantes.
"Les résultats des essais montrent que la combinaison de la pré-levée et du désherbage mécanique en rattrapage améliore le contrôle des adventices... Quand le passage des outils est possible !"•