Trois milliards d'euros pour investir
La FNSEA demande des mesures pour que la France retrouve sa compétitivité perdue.

Selon le président de la FNSEA, Xavier Beulin, il est nécessaire d'investir 3 milliards d'euros sur trois ans pour que l'agriculture française « retrouve la compétitivité perdue », face à certains de ses voisins européens. C’est ce qu’il a expliqué à l’occasion d’un entretien avec le Journal du Dimanche (JDD) le 23 août. « La France doit se doter d'une vision à 15 ans de son agriculture. Il faut engager un vaste plan pour moderniser les bâtiments, automatiser les abattoirs, organiser les regroupements d'exploitations afin qu'elles soient plus productives », a-t-il ajouté, proposant également « un moratoire d'un an sur les normes environnementales » et « une adaptation des règles fiscales aux aléas de l'agriculture ».
Xavier Beulin a ensuite rencontré lundi 24 août le président de la République, François Hollande, le Premier ministre, Manuel Valls et le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. « Il nous fallait un ministre présent. C'est le cas depuis deux semaines », déclare également le président de la FNSEA dans les colonnes de l'hebdomadaire du dimanche. « A court terme, il faut compléter le plan de Stéphane Le Foll lancé le 22 juillet. Sur 600 millions d'euros, ce dispositif ne débloque que 100 millions d'euros pour sauver réellement les élevages de porcs. (...) Il s'agit d'alléger les charges et de restructurer les dettes des jeunes agriculteurs », souligne encore Xavier Beulin.
Taxe sur le foncier non bâti
Selon le président de la FNSEA, François Hollande et Manuel Valls se seraient engagés à annoncer des mesures pour venir en aide aux filières d'élevage le 3 septembre. A cette date, une manifestation d'agriculteurs aura lieu à Paris avec 1 000 tracteurs qui pourraient bloquer des accès routiers. Syndicalistes et pouvoirs publics semblent par ailleurs d'accord sur la position à défendre lors du conseil des ministres de l'agriculture d'Europe le 7 septembre. Sur les mesures françaises, Xavier Beulin a demandé des rallonges à celles de juillet pour le court terme ainsi qu'un moratoire pour 2016 sur toute norme et réglementation nouvelle. Selon le syndicaliste, il faut également mettre en place les conditions pour que les filières agricoles puissent combler leur déficit d'investissement qu'il évalue à 3 milliards d'euros. « Par rapport au plan d’urgence annoncé il y a deux semaines, nous demandons des mesures supplémentaires en ce qui concerne les allègements des charges, les exonérations de cotisations sociales, de la Taxe sur le foncier non bâti (TFNB), et des aménagements de dettes - par exemple avec des rééchelonnements ou pourquoi pas, pour certains, une année blanche. Et surtout, il faut que tout ça aille vite ! »
Modernisation
« Nous avons besoin aujourd’hui de modernisation et d’investissement, notamment dans les exploitations agricoles, en matière de rénovation et de mise aux normes. Il y a des moyens à mobiliser au niveau de la BPI, des conseils régionaux qui gèrent le deuxième pilier de la PAC, le tout dans une recherche d’efficacité. Il faut réfléchir à de nouvelles formes de financement et de portage de ces investissements. Car aujourd’hui, un éleveur qui investit dans un bâtiment, un cheptel ou autre, ne le fait pas pour cinq ans mais pour 20, 25, 30 ans. Quand on décompose l’investissement tout au long de la chaîne alimentaire, le producteur investit jusqu’à trois ou quatre fois plus que les autres maillons. »
Deux dates clés
Le 3 septembre, le Premier ministre s’est engagé à rencontrer une délégation d’agriculteurs, tandis qu’une autre délégation ira à l’Assemblée nationale.
Le 7 septembre, une action est prévue à l’initiative du Copa et de la Cogeca. Plusieurs milliers d’agriculteurs européens vont se rassembler avec l’objectif d’obtenir du Conseil des ministres de l’agriculture et de la Commission quelques mesures phares (embargo russe, stockage du beurre et de la poudre, étiquetage d’origine).