Tournesol : quoi de neuf dans le désherbage ?
Le récent retrait des herbicides à base de S-métolachlore pose naturellement question puisqu’en France cela correspondait en 2023 à presque 300 000 ha de tournesol.
Le récent retrait des herbicides à base de S-métolachlore pose naturellement question puisqu’en France cela correspondait en 2023 à presque 300 000 ha de tournesol.

Le choix se faisait sur des critères technico-économiques, entre l’efficacité sur les graminées, ray-grass, panics, sétaires et digitaires et le coût relativement compétitif.
La limite de commercialisation de ces produits s’achevait le 20 octobre 2023, la limite d’utilisation au champ est fixée au 20 octobre 2024.
Les alternatives sont aujourd’hui peu nombreuses
Les herbicides foliaires en sont une. L’imazamox (Pulsar 40, Passat plus, Davai) présente une action intéressante, et à 4 feuilles du tournesol (soit 1 mois après le semis), et à pleine dose, son efficacité peut être suffisante, comme le montrent les essais de Terres Inovia sur des pressions graminées modérées. Les antigraminées foliaires (Etamine, Fusilade Max, Stratos Ultra, Targa Max) spécifiques sont une solution très efficace et dont le spectre intègre aussi le sorgho d’Alep et le chiendent à condition d’employer une dose spécifique.
Dans les deux cas, se pose la question de la gestion du risque de résistance. Pour cela, la rotation permet d’utiliser des modes d’actions alternatifs et/ou représenter une réelle rupture de cycle. Le programme de prélevée puis post-levée est une solution qui répond aux très fortes pressions et à la gestion du risque de résistance. Enfin, et surtout, le recours à une solution de prélevée permet d’utiliser des modes d’action dont on recherche la persistance pour un meilleur contrôle des levées échelonnées.
Les solutions alternatives au S-métolachlore sont au nombre de deux, mais toutes sont à base de pendiméthaline. Les herbicides de type Pentium flo ou Atic-aqua (pendiméthaline seule) présentent une action efficace sur des panics, sétaires et digitaires. Ce niveau est en très léger retrait par rapport au S-métolachlore en fortes pressions des graminées estivales, notamment en argilo-calcaires. La différence avec le S-métolachlore est flagrante contre le ray-grass, une adventice qui pose de plus en plus de problèmes, y compris sur le tournesol. La pendiméthaline, elle, n’est pas efficace sur le ray-grass.
En revanche, ces herbicides ont une action bien supérieure au S-métolachlore sur des chénopodes et des renouées. L’efficacité sur la morelle est assez proche, mais le S-métolachlore présentait une action contre le laiteron, la matricaire ou le séneçon que l’on ne retrouve pas avec la pendiméthaline.
Le produit Dakota-P est un compromis qui réunit les qualités de la pendiméthaline et du S-métolachlore. En effet, la substance dmta-P est similaire au S-métolachlore avec notamment une efficacité contre le ray-grass. Le Dakota-P associe pendiméthaline et dmta-P. Contre le ray-grass, les meilleures efficacités sont obtenues avec le Dakota-P seul à 3 l/ha. Seul à 2,5 ou 3 l/ha, il constitue une bonne base de désherbage pour les situations simples (chénopode, amarante, morelle et renouée liseron en faible à moyenne pression). De fait, le rapport qualité/prix est intéressant.
Pour un renfort sur dicotylédones (notamment renouée liseron) on associera le Dakota-P 2 l/ha avec Challenge (Colt, Chanon) 2 l/ha ou Proman 2 ou 2,5 l/ha. Pour des programmes avec imazamox (Pulsar 40, Passat plus, Davaï, Sunbright) ou avec Express SX, Dakota-P complète une lutte renforcée contre les graminées, chénopode et renouées (au même titre qu’Atic-aqua ou Pentium flo).
Dans un programme avec Viballa (lutte contre l’ambroisie, l’ammi-majus ou un rattrapage de chénopodes), il est préférable de rester sur une dose de 2,5 l/ha minimum en raison de la nette insuffisance de Viballa contre les renouées. La pendiméthaline seule (Atic-aqua, Pentium flo) remplit aussi cette mission.
Une nouveauté en post-levée
L’année 2023 est aussi l’occasion de découvrir la nouveauté de post-levée avec la solution Sunbright à base de d’imazamox (20 g/l) et d’aclonifen (300 g/l, la substance active de Challenge). Cet herbicide de post-levée, homologué à 1,35 l/ha doit être positionné très tôt pour un spectre large et une efficacité optimale. Il est préférable d’y associer une huile végétale de type Actirob B et d’appliquer la solution à 2 feuilles du tournesol, soit 2 à 3 semaines après le semis. Attention : Sunbright s’utilise avec des variétés de tournesol tolérantes à l’imazamox.
Sunbright se démarque de Pulsar 40 sur l’helminthie, le laiteron et la matricaire. Il est d’un bon niveau sur la renouée et équivalent à Pulsa 40 sur un grand nombre de flores. En revanche, la solution est en net retrait sur les graminées, le xanthium, le datura, l’ambroisie et le tournesol sauvage lorsque les levées sont échelonnées (au-delà de l’application). Pour une meilleure persistance d’action et une efficacité sur graminées (adventices en forte pression), Sunbright sera en programme après une prélevée à base de Pentium flo, Atic-aqua ou Dakota-P.•