SAS Caux Avenir Biogaz : un projet collectif de six éleveurs seinomarins
La SAS Caux Avenir Biogaz est née d’un projet entre six agriculteurs-éleveurs (laitiers, allaitant et avicole) du pays de Caux, désireux de diversifier leur activité agricole et de valoriser au mieux leurs matières organiques et végétales en devenant producteurs d’énergie.
La SAS Caux Avenir Biogaz est née d’un projet entre six agriculteurs-éleveurs (laitiers, allaitant et avicole) du pays de Caux, désireux de diversifier leur activité agricole et de valoriser au mieux leurs matières organiques et végétales en devenant producteurs d’énergie.







Didier Bardin, Anthony Bergère, Samuel Bréant, Richard Goupil, Kévin Levesque et Wilfried Vimont, les directeurs de la SAS, et leurs épouses associées, se connaissent bien, ils ont l’habitude de travailler ensemble dans le cadre de la Cuma du Progrès.
L’idée de création d’une unité de méthanisation par un collectif agricole a germé en mars 2020. Trois ans après, le 5 octobre 2023, la première injection dans le réseau GRDF a eu lieu.
Cerfrance a géré la partie faisabilité du projet. Avec une juriste les six associés ont construit un règlement intérieur et un pacte d’associés. Tout a été juridiquement bien cadré. La partie process de cette unité située à Limpiville a été réalisée par l’entreprise Novatech qui a également mis en place la ration et assuré le suivi. L’épurateur a été installé par l’entreprise normande GazFio SA.
Cinq élevages
« GRDF a fait l’étude détaillée et le raccordement au réseau se situe seulement à 1,8 kilomètre. C’est une unité de taille moyenne, les gisements viennent essentiellement des cinq fermes et nous n’avons pas changé nos pratiques culturales pour alimenter le méthaniseur », explique Fabienne Bardin, directrice également, en charge de toute la partie administrative et réglementaire.
L’unité, qui alimente en gaz 4 000 foyers dans les communes de Bolbec, Goderville et Cany-Barville, produit 199 Nm3/heure. Un contrat a été signé avec Engie sur 15 ans pour la vente du biogaz produit.
Au total, 90 tonnes de matières sont incorporées par jour dans les méthaniseurs. Les six éleveurs associés apportent leurs effluents d’élevage (fumiers, lisiers et fientes) qui sont achetés par la SAS. Cela représente 50 tonnes par jour, soit 63 % de la ration. Le restant se compose de 15 % de Cive (mélange de seigle et d’orge), 10 % de cultures (maïs et sylphie), 8 % de pulpes de betteraves et 4 % de déchets de pommes de terre ou/et des poussières de blé qui sont incorporés en fonction des opportunités. Chaque exploitation a augmenté ses surfaces en maïs d’environ 8 % pour approvisionner la SAS.
Les matières sont stockées en silos et dans un bâtiment sur lequel ont été installés 900 m2 de panneaux solaires photovoltaïques. Leur production de 230 kilowattheures représente 20 à 22 % de la consommation annuelle de l’unité. Pour compléter, un contrat d’achat a été signé avec le fournisseur d’énergie Energem.
Une communication en amont auprès des habitants
Les exploitations sont en moyenne à 6 km du site situé dans le prolongement du Gaec Bardin à Limpiville. « La proximité de notre exploitation agricole nous a beaucoup aidés pour faire accepter notre projet. Nous l’avons présenté aux conseils municipaux de Limpiville et des autres villages limitrophes, ainsi qu’aux villages concernés par l’épandage du digestat. Nous avons organisé une porte ouverte à la ferme et avons emmené des élus et Limpivillais visiter une unité dans la Manche, correspondant à notre projet. Nous avons été très favorablement accueillis. Notre chance est de n’avoir aucun village à traverser entre les fermes et le site. Notre trafic n’impacte personne. Pour le moment, le digestat est épandu sur les parcelles des six associés, soit sur une surface de 1 000 ha, mais il est envisagé par la suite de le vendre à d’autres agriculteurs. C’est un produit qui pourra être utilisé en AB ».
Ce projet de 8,5 millions d’euros a été aidé à hauteur de 6 % par l’Ademe. Il est financé par un pool bancaire : le Crédit Agricole est arrangeur de la dette et un prêt à long terme a été financé pour moitié avec le Crédit Mutuel. Un deuxième dossier de subvention est en cours de dépôt à la Région.•