« Pas de stockage de carbone sans prairie »
L’autonomie fourragère d’une exploitation contribue à l’amélioration du bilan carbone net, ou empreinte carbone. L’implantation de cultures pérennes favorisent le stockage du carbone dans le sol et la réduction d’émission de gaz à effet de serre.
L’autonomie fourragère d’une exploitation contribue à l’amélioration du bilan carbone net, ou empreinte carbone. L’implantation de cultures pérennes favorisent le stockage du carbone dans le sol et la réduction d’émission de gaz à effet de serre.

« L’activité d’élevage a un impact sur le climat, c’est un fait. Toutefois, elle apporte une contribution indéniable à son atténuation grâce aux prairies exploitées. Mais sans élevage, pas de prairie. Et sans prairie, pas de stockage de carbone possible sur l’exploitation », prévient Arnaud Jouart, pilote régional carbone et agriculture à la Chambre d’agriculture du Grand Est. Pour ce type d’exploitation, la production d’herbe, associée à l’autonomie fourragère, permet d’optimiser le système et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). « Penser bas carbone, c’est travailler une forme de résilience climatique avec un système fourrager diversifié capable de faire face aux aléas », souligne Arnaud Jouart.
Privilégier des pratiques agroécologiques
L’implantation de productions fourragères (prairie, méteil, luzerne, etc.) favorise le bilan GES. Par leurs faibles besoins en azote, ces cultures contribuent non seulement à la réduction des émissions de GES mais aussi à la séquestration du carbone dans le sol (80 tonnes/hectare sous prairies). Plusieurs leviers sont envisageables : favoriser l’autonomie protéique (éviter ou réduire les importations de soja brésilien par exemple) et optimiser la capacité de stockage du système de production par des pratiques durables. « Pour être autonome en fourrage, il convient de produire un système qui soit résilient et compatible avec le changement climatique : introduction de prairies, implantation de haies, de couverts ou de cultures intermédiaires, etc. », indique Arnaud Jouart. Comme l’illustrent les références du programme régional ACSE (Air, climat, sol et énergie), les systèmes d’élevage ayant des typologies herbagères ont une empreinte carbone plus faible que les autres systèmes en raison d’un stockage de carbone plus important.
D’après l’Idele, les suivis réalisés dans les élevages laitiers montrent que l’optimisation du système de production peut permettre de réaliser une économie potentielle de marge brute de 30 euros les 1 000 litres de lait (entre les systèmes les moins et les plus optimisés), soit une économie de 13 000 euros/an (pour 440 000 litres de lait vendus). « La prairie a une bonne réputation agroécologique, précise Arnaud Jouart. Cependant, elle ne représente pas une culture à forte valeur ajoutée malgré les nombreux services environnementaux qu’elle rend. Des réflexions sont en cours sur la mise en place de paiements pour services environnementaux (PSE) qui lui attribuerait une meilleure valeur économique ».
Anticiper la transition
Basé sur le volontariat, l’engagement “bas carbone ”, pourtant incitatif, ne fait pas l’unanimité. Et pourtant… Les entreprises agroalimentaires ou agricoles intègrent progressivement des stratégies de décarbonation de leurs activités qui comptent notamment sur la transition carbone des exploitations pour atteindre la neutralité carbone en 2050. « Pour accélérer la mise en œuvre des réflexions sur le bas carbone, l’agriculteur doit trouver des bénéfices y compris économiques, explique Arnaud Jouart. À ce jour, il peut percevoir 32 euros par tonne de CO2 évitée. Cette rémunération est plus ou moins attractive en fonction des fermes, du coût de mise en œuvre, des leviers bas carbone mobilisés et des bénéfices perçus à court terme ».•