Le rendement est là malgré des conditions difficiles
Que peut-on retenir de cette campagne “pommes de terre”, qui, à l’instar d’autres cultures, risque d’être particulière ? Le point avec les experts d’Arvalis qui en ont présenté un aperçu lors d’une journée technique à Amiens (Somme), le 21 novembre dernier.
Que peut-on retenir de cette campagne “pommes de terre”, qui, à l’instar d’autres cultures, risque d’être particulière ? Le point avec les experts d’Arvalis qui en ont présenté un aperçu lors d’une journée technique à Amiens (Somme), le 21 novembre dernier.

Un climat relativement doux mais pluvieux peut-il profiter à la pomme de terre ? Sans aucun doute oui, si l’on s’en tient au seul rendement. Alors que les premiers arrachages ont révélé un tonnage de 20 tonnes/hectare, le rendement moyen national devrait se situer à 48,7 t/ha, ce qui est supérieur de 9,1 % à la moyenne quinquennale. En ce qui concerne la pomme de terre “fécule”, le constat est identique puisque le rendement final devrait se situer à 52 t/ha. « En fécule, c’est le meilleur rendement depuis les six dernières années », rappelait ainsi Solène Garson, ingénieure régionale pommes de terre chez Arvalis. Et de tempérer toutefois l’enthousiasme en mettant en garde les producteurs sur la conservation des silos en raison d’un risque de pourriture élevé.
Surfaces en hausse
En 2024, il s’est planté quelque 170 244 hectares de pommes de terre, ce qui représente une hausse des surfaces de 7 %. Les surfaces de plants certifiées, quant à elles, bien qu’elles aient progressé en 2024 par rapport à 2022 et 2023 n’ont pas suffi. Compte tenu de la disponibilité des plants, certains producteurs ont été contraints d’utiliser des plants coupés. Une pratique que l’on regarde avec défiance chez Arvalis, compte tenu d’un risque sanitaire aggravé : « Couper des plants, c’est une manipulation supplémentaire, et donc un risque en plus si l’opération n’est pas bien réalisée », a prévenu Solène Garson. « Cette année, il s’est coupé pas mal de plants dans des variétés que l’on ne connaît pas… ». Autres conséquences, « dès qu’un lot de plants est coupé, il perd sa certification », et le risque d’avoir une plantation plus hétérogène est augmenté.
Chantiers d’implantation retardés
En raison des conditions météo (pluie), les chantiers de plantation ont été retardés par rapport à une année “normale”. Au 22 avril dernier, seules 10 % des surfaces étaient emblavées, contre 90 % en 2022. « Cela fait deux ans que les plantations ont lieu plus tardivement, ce qui a des conséquences », a détaillé Solène Garson. Planter dans un sol froid et humide augmente le risque de rhizoctone brun, ralentit la vigueur germinative, et engendre des problèmes de levée. La pluviométrie a en revanche profité aux désherbages de prélevée, et compliqué les désherbages mécaniques.
Vigilance sur le stockage
Sur le plan sanitaire, « la pression maladie a été forte, notamment avec le mildiou », a rappelé François Ghigonis, ingénieur régional d’Arvalis pour la région Île-de-France. « Le mildiou a été présent tôt, avec de premières contaminations dès le mois de juin et une pression importante tout au long de la campagne. » Néanmoins, grâce à des interventions réalisées au bon moment, les dégâts ont été limités. Les taches de mildiou observées l’ont été dans des parcelles emblavées avec des variétés plutôt « sensibles » et insuffisamment protégées.
À cette date, l’attention se porte désormais sur le stockage. Les arrachages tardifs dans des conditions humides font en effet qu’un certain nombre de lots ont été réceptionnés avec des excès de terre et des tubercules humides. « Jusqu’à début novembre, les conditions de récolte ont été difficiles », rapporte Solène Garson. L’apparition de phénomènes de pourriture des tubercules, comme de germination, n’est pas à exclure, d’où un appel à la vigilance sur la conservation pour les prochains mois.•