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La ferme du Valaine cherche jeunes repreneurs

Bernard Dherbécourt explique la difficulté de transmettre un outil basé sur la création de plusieurs ateliers en marge d'une production de lait de chèvre.

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Agnès et Bernard Dherbecourt se sont installés en 1981 à Etretat.
© Catherine Hennebert

Depuis qu'ils se sont installés en 1981 sur la ferme du Valaine à Etretat, Agnès et Bernard Dherbécourt ont créé un outil de travail performant basé sur l'élevage de chèvres, la transformation du lait en fromage, glaces et chocolats, la vente à la ferme et l'accueil des touristes.
Aujourd'hui, ils vendent leur bien immobilier et cèdent leur outil de travail qu'ils ont mis plus de 30 ans à faire évoluer au fur et à mesure, en fonction des réglementations et des attentes de la clientèle. Ils font partie des pionniers dans le département à s'être lancés dans la diversification et à présent, leurs trois enfants ayant choisi d'autres voies professionnelles, ils sont encore une fois parmi les premiers à se lancer dans l'aventure de la transmission d'un outil orienté vers l'agro-tourisme.
« La Safer et la chambre d'agriculture découvrent en même temps que nous qu'il est nécessaire de penser autrement pour vendre ce genre de structure qui n'a pas été simple à estimer.  Nous vendons un outil de travail mais également des savoir-faire et une reconnaissance, la marque du Valaine véhiculée par un site Internet qui accueille 28 000 contacts directs tous les ans », expliquent les éleveurs.

Petit à petit
Lorsqu'ils sont arrivés, le Valaine était un corps de ferme constitué de petits bâtiments délabrés sur 65 hectares. « Petit à petit, nous avons tout remis en état. En 1989, nous avons mis aux normex la fromagerie et avons décidé de nous lancer dans l'agrotourisme avec des visites guidées de l'exploitation et la vente directe de fromage de chèvre. » A l'époque la diversification était encouragée par la Région. En 1992, ils ont créé des glaces à partir du petit lait et en 1998 les fameux chocolats au lait de chèvre d'Etretat. « Aujourd'hui nous avons cinq stades d'affinage différents pour nos fromages de chèvre, six saveurs de glaces et huit saveurs de chocolat », énumère Bernard Dherbécourt.
Ils se heurtent rapidement à une difficulté, le manque d'abattoir. Et la fermeture des petits bouchers de quartier « Auparavant nous engraissions nos chevreaux que nous vendions aux boucheries locales pour les fêtes de Pâques. Il a donc fallu trouver une nouvelle diversification en proposant de la terrine de chevreau au calvados qui nous a permis d'élargir notre gamme dans le magasin de la ferme. Nous avons également 3 hectares de pommiers haute tige qui nous permettent de proposer également du cidre aux visiteurs et à notre clientèle. Tout cela s'est fait progressivement. Nous avons continuellement réinvesti pour avoir aujourd'hui un outil aux normes, adapté aux exigences en matière d'accueil des touristes », ajoute l'exploitant.

De nouveaux métiers
La diversification a obligé les éleveurs à se pencher sur de nouveaux métiers : la transformation du lait de chèvre, la vente des produits et l'accueil des visiteurs sur l'exploitation.  « Nous sommes cultivateurs, éleveurs, fromagers, glaciers, chocolatiers, professionnels du tourisme... ». 45 000 fromages sont fabriqués par an mais la fromagerie est conçue pour en fabriquer
70 000. Ils sont commercialisés à la boutique mais également dans les épiceries et restaurants. 50 % du chiffre d'affaires est effectué par la vente directe à la ferme. Les éleveurs ne peuvent pas répondre à la sollicitation des Amap car ils ne sont que tous les deux. Ils ont également dû abandonner un secteur très porteur qui est la visite des écoliers, faute de personnel.
« Notre génération qui s'est lancée dans la diversification va arriver à la retraite et la Safer sera confrontée avec d'autres exploitations agricoles aux mêmes problématiques que la nôtre.  Des soucis de santé ont été pour nous une alerte et notre retraite ne peut être assurée que par la vente de cet outil performant et qui est tout à fait viable sur les 20 hectares actuels. »

Privilégier une installation de jeunes
Mais aujourd'hui, il ne peut pas être géré par un seul couple. « Les études d'installation doivent être menées avec quatre associés ou un couple et deux salariés. Il y a bien sûr d'autres scénarios envisageables », pense Bernard.  Il y a une dizaine d'années, il avait réalisé une étude pour transformer l'exploitation en pépinière d'entreprises. « Il y a des bâtiments disponibles qui pourraient accueillir une auberge, des artisans d'art, un boulanger... Les terres se prêtent parfaitement au maraîchage et à la permaculture. Une étude avait été réalisée par une apprentie il y a deux ans dans ce sens. L'opération Grand Site Etretat-Côte d'Albâtre peut également être une belle opportunité pour des jeunes qui sauront s'adapter en permanence et amener de l'innovation. Cela fait 36 ans que nous portons cet outil et aujourd'hui, nous aimerions qu'il soit repris par des jeunes qui ont une vision de l'agriculture rejoignant la nôtre ».

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