La CGB mobilisée pour la filière betteravière française
Les importations de sucre ukrainien, les accords du Mercosur et la défense des moyens de production sont parmi les dossiers très chauds que la CGB aura à défendre cette année.
Les importations de sucre ukrainien, les accords du Mercosur et la défense des moyens de production sont parmi les dossiers très chauds que la CGB aura à défendre cette année.







Les réunions d'hiver de la CGB 76 proposaient aux betteraviers seinomarins de prendre connaissance des caractéristiques de la campagne 2024-2025 et de la situation actuelle du marché mondial du sucre.
Au niveau européen, en novembre 2024, la tonne de sucre était à 596 euros. Pour la campagne 2023-2024, elle était à 830 euros de moyenne. La chute a eu lieu en octobre 2024, en lien avec les importations de sucre ukrainien qui ont provoqué l'effondrement du marché européen.
La situation actuelle du marché mondial du sucre a été présentée même s'il est difficile d'en avoir une vision précise pour le moment : le sucre brut est passé à nouveau sous les 20 cts la livre, ce qui n'était pas arrivé depuis un moment. Le marché est assez volatil à la baisse, avec des spéculateurs régulièrement à l'achat ou à la vente.
Rester très vigilant sur les importations
Le problème des importations de sucre ukrainien sera l'un des dossiers très chauds de la CGB en 2025.
" Historiquement, l'Ukraine ne vend pas de sucre à l'Union européenne. Mais au titre de l'aide de guerre, ses exportations de sucre vers l'UE, sans droits de douane, sont exponentielles. Il y a eu un lobby de la profession agricole important, tant de la FNSEA que de la CGB pour contingenter les tonnages importés. Ce contingent de 260 000 tonnes est élevé mais nous avons limité la casse. Au 1er juillet 2025, ce tonnage de sucre sera rediscuté et la négociation sera déterminante pour la stabilité du marché européen ", explique Benoît Carton.
Le directeur de la CGB 76 précise que la production de sucre en Ukraine ne se situe pas dans les zones les plus touchées par la guerre et que ces importations de sucre ne viennent pas d'exploitations gérées par des Ukrainiens mais de fermes usines de plusieurs centaines de milliers d'hectares dont les sièges sociaux sont à l'étranger et qui produisent pour exporter. " Ils nous vendent leur sucre car ils ont perdu tous leurs marchés historiques à cause de la guerre ".
Défense des moyens de production
Un autre point de vigilance de la filière porte sur les importations de sucre et de biocarburant émanant du Mercosur. Le risque étant plus fort sur la partie biocarburant (8,2 millions d'hectolitres, soit 50 000 ha de betteraves). " L'accord politique a été signé et aujourd'hui notre travail est de trouver des alliés pour que cet accord ne puisse pas être appliqué. Aujourd'hui, l'Autriche, les Pays-Bas, la Belgique, la Pologne sont des alliés sur ce dossier ", ajoute Raynald Fréger, président de la CGB 76.
Un autre dossier qui sera défendu par la profession est celui de la défense des moyens de production. " C'est un vrai sujet au niveau national car les distorsions de concurrence existent. On a toujours parlé de progrès génétique en betterave mais depuis la fin des NNI (néonicotinoïdes), on est plutôt sur une baisse des rendements moyens français. Face à une liste de produits phytosanitaires qui diminue tous les ans, nous avons besoin de nouvelles technologies de sélection. "
Un état sanitaire compliqué et une richesse décevante
L'année 2024 a été compliquée d'un point de vue sanitaire : la cercosporiose est maintenant systématiquement présente en Seine-Maritime mais, heureusement cette année, elle a été bien maîtrisée. Ce qui est plus rare, c'est la présence du mildiou. Il apparaît environ tous les 10 ans et il n'y a pas de remèdes. Il a pénalisé le rendement, plus particulièrement dans le département de l'Eure. En raison des conditions asphyxiantes de l'année, l'aphanomyces a également été observé dans les parcelles.
La richesse est la déception de l'année : la moyenne nationale est de 16,6° et sur le secteur d'approvisionnement de la sucrerie de Fontaine-le-Dun, elle est de 17,1°. Concernant le poids racine, la moyenne nationale est de 76 tonnes ; Fontaine-le-Dun est à 80 tonnes. La moyenne de la sucrerie seinomarine est donc de 86,7 tonnes à 16°, malgré tout dans le haut du classement national.
Benoît Carton a rappelé que la pénalisation est forte pour les livraisons en dessous de 16° : " il est important d'avoir un état végétatif des parcelles le plus soigné possible par rapport à un programme fongicide, d'avoir des variétés bien adaptées aux différentes situations de mises à disposition et surtout d'avoir un raisonnement précis de la fumure azotée. Un excès d'azote apporte une richesse plus faible." "C'est vraiment un sujet important en Seine-Maritime ", a-t-il conclu.•