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Ferme de la Tremblaye : une révolution opérée grâce aux nouveaux bâtiments

À La Boissière-École (78), la Ferme de la Tremblaye a déménagé tout son cheptel bovin dans des bâtiments flambant neufs, conçus pour améliorer le bien-être animal et le confort de travail des éleveurs.

Voilà six mois que la vie des vaches laitières de la Ferme de la Tremblaye, à La Boissière-École (Yvelines), et de leurs éleveurs a complètement changé. Exit les lieux exigus et vieillissants du site historique où chaque déplacement était devenu un véritable casse-tête. L’exploitation a fait le choix de déménager l’atelier bovin à quelques centaines de mètres, de l’autre côté de la route départementale, à proximité immédiate du méthaniseur de la ferme, et de créer un nouveau site qui allie bien-être animal et confort de travail des salariés.

Un site historique obsolète

« Tout est parti de mon mémoire de fin d’études lorsque j’étais en école d’ingénieurs, se souvient Bérénice Giot, responsable élevages, cultures et certification à la Ferme de la Tremblaye. J’ai été apprentie ici de 2018 à 2021 et mon mémoire a porté sur l’étude de modernisation des outils existants ou la délocalisation de l’élevage bovin. Très vite, la balance a pesé en faveur d’une reconstruction totale sur un nouveau site car les installations historiques posaient quelques problèmes. On ne pouvait pas agrandir le troupeau par manque de place, la circulation des engins était compliquée, le passage de la rivière à dix mètres des bâtiments contraignait à une vigilance accrue des risques de pollution. Nous avions des salariés qui souffraient régulièrement de troubles musculo-squelettiques et nous pouvions aussi faire beaucoup mieux en matière de bien-être animal... L’idée d’une reconstruction totale s’est rapidement montrée plus pertinente ».

3,5 millions d’euros d’investissement

Après quelques mois de réflexion, les propriétaires engagent les travaux de ce projet à 3,5 millions d’euros. Les premières vaches ont investi les nouvelles installations en juillet dernier. « Nous avons créé deux bâtiments d’élevage qui sont volontairement très aérés. Le problème d’un élevage laitier, ce n’est pas le froid ou la pluie, c’est la chaleur l’été qui peut impacter la lactation sur les animaux qui en souffrent », souligne Bérénice Giot, qui précise qu’à l’issue de la première année d’occupation des lieux, un bilan sera fait pour envisager des ajustements en ajoutant soit des ventilateurs, soit des brise-vent. 
« Le premier bâtiment fait 100 mètres de long, avec, de part et d’autre de la table d’alimentation de 6 mètres, des zones de couchage de 11 mètres de large et des couloirs de circulation de 4 mètres. Le second bâtiment est une réplique mais il ne fait que 50 mètres de long ». L’éleveuse dit avoir voulu « simplifier au maximum la vie des vaches et les tâches des salariés ». « Nous avons opté pour une aire compostée moitié miscanthus moitié copeaux de bois. Chaque fois que les vaches partent à la traite, nous procédons à un simple déchaumage de la litière avec notre tracteur. Cela permet de l’aérer, elle sèche ensuite pendant une heure et les vaches sont de retour. Ce système permet de ne curer que quatre fois par an ». Et la responsable élevage observe aussi d’autres bienfaits pour les animaux. « Dès les premières heures, les vaches se sont couchées de tout leur long pour se reposer, c’était très déroutant pour nous, éleveurs, habitués à les voir évoluer en logettes. Nous n’avons jamais eu de vaches aussi propres et les taux cellulaires qui étaient auparavant élevés ont chuté d’un quart en deux mois et continuent encore aujourd’hui de descendre progressivement ». La maladie de Mortellaro, très présente dans l’élevage, est également en train de disparaître petit à petit.
Autre caractéristique du bâtiment, de nombreuses zones ne disposent pas de cornadis mais de simples barres au garrot, pour plus de confort et de bien-être animal selon Bérénice Giot. 

Six robots de traite en action

Plusieurs robots ont aussi été introduits dans la ferme : des racleurs automatiques dans les couloirs, un robot pour repousser l’aliment sur les tables d’alimentation... sans oublier les robots de traite. Six au total, de la marque DeLaval. « Nous sommes la deuxième salle de traite en France équipée de telle façon, souligne Bérénice Giot. La traite débute à 6 heures et à 16 heures. Il faut environ une heure quinze aux robots pour un lot de 60 vaches. D’abord les prim’holstein, puis les jersiaises. Les robots disposent tous d’une table d’alimentation et chaque vache a sa ration personnalisée durant les minutes de traite. Cela a grandement facilité la diminution du stress, la familiarisation et l’acceptation du robot dès les premiers jours. En trois jours nous avions retrouvé notre niveau de production ».
Pendant que les animaux sont dans le bâtiment de traite, les salariés peuvent, eux, gérer d’autres tâches, déchaumer la litière, nourrir les veaux, effectuer des soins, des pesées, des écornages... Chaque vache à la traite étant identifiée par sa boucle électronique, des alertes téléphone sont émises s’il y a besoin d’intervenir. Les robots sont aussi reliés à un système informatique qui apporte de multiples renseignements à la responsable d’élevage : la production de chaque animal, le taux cellulaire, la conductivité, le taux de progestérone... « En sortie de traite, les vaches repartent par un couloir doté d’un portique qui peut trier les animaux en cas de besoin si un problème à la traite a été détecté ou si nous l’avons demandé à l’ordinateur pour un quelconque besoin de soin, d’insémination ou autre », conclut la responsable.

Augmenter l’autonomie laitière de la fromagerie

Depuis ce nouveau bâtiment, le quotidien des salariés a donc lui aussi été bouleversé. La volonté affichée de la Ferme de la Tremblaye étant de remettre de la technicité dans le métier d’éleveur. « L’idée est d’être plus présent auprès des animaux, de faire plus de surveillance, de soins, d’analyse de données... en réduisant toutes les tâches chronophages sans valeur ajoutée », rapporte Bérénice Giot. Par exemple, les déplacements d’effluents vers le méthaniseur représentaient auparavant seize heures de travail par semaine. « Aujourd’hui, c’est zéro, se réjouit-elle. Nous avons tout automatisé et la proximité avec le méthaniseur permet une injection directe. Il n’y a pas une tonne à lisier qui vient pomper dans les bâtiments ». Alors que le printemps est là, l’éleveuse se réjouit aussi à l’idée de pouvoir mettre ses animaux à l’herbe plus facilement et dans un espace plus vaste. « Là où auparavant nous avions une parcelle de 14 hectares avec une route départementale à traverser, aujourd’hui nous avons un accès direct à 65 hectares »
À n’en pas douter, la Ferme de la Tremblaye a opéré une petite révolution pour ses 180 pensionnaires et continue progressivement de croître. L’exploitation a fait le choix d’un agrandissement naturel en suivant le fil des naissances. D’ici à juillet prochain, le cheptel passera ainsi à 220 têtes qui permettront à terme d’augmenter l’autonomie laitière de la fromagerie.•
 

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