FCO et MHE : la Seine-Maritime plutôt épargnée grâce à un fort taux de vaccination
La fièvre catarrhale ovine (FCO) sérotype 3 et la maladie hémorragique épizootique (MHE) ont largement circulé en France cette année. Ces deux maladies transmises par des petits moucherons (Culicoïdes) sont dues à des virus de la même famille et entraînent des lésions ulcératives des muqueuses. Ces maladies sont réglementées, entraînant des restrictions aux mouvements des animaux (voir cartes).
La fièvre catarrhale ovine (FCO) sérotype 3 et la maladie hémorragique épizootique (MHE) ont largement circulé en France cette année. Ces deux maladies transmises par des petits moucherons (Culicoïdes) sont dues à des virus de la même famille et entraînent des lésions ulcératives des muqueuses. Ces maladies sont réglementées, entraînant des restrictions aux mouvements des animaux (voir cartes).









L’hiver arrive, le moucheron y étant sensible, on peut espérer une baisse du nombre des cas sur les prochains mois… Avant une recirculation l’année prochaine quasi inévitable malheureusement si on regarde la situation du Sud de la France ou de nos voisins européens. En effet, le virus de la FCO-3 survit six mois dans un animal, celui de la MHE trois mois ; de quoi permettre une recirculation au printemps prochain. Le GDMA 76 a mis en place un suivi de chaque foyer ; l’occasion de faire un premier bilan de la situation départementale avant l’hiver.
Une trentaine de foyers de FCO-3 dans le 76
Dans le détail, on dénombre une trentaine de foyers (animaux malades positifs), sur une zone Est du département (du Nord au Sud), et au moins autant d’élevages détenant des positifs “sains” mais porteurs, dépistés à la suite d’un achat (ou d’un concours). À ce sujet, la vigilance est de mise pour les bovins issus du Nord et de l’Est. Plusieurs éleveurs en ont introduit, pour voir certains devenir des non-valeurs économiques avec un fort risque de contaminer leur propre cheptel !
Dans le département, seuls les bovins sont touchés, aucun mouton n’a été testé positif à la maladie. Plusieurs élevages sont mixtes : moutons et bovins ; dans ces élevages, des bovins sont morts mais aucun mouton n’a été malade. La différence ? Les moutons avaient été vaccinés dès la fin août, les bovins non. Aucune chèvre n’a été touchée, cette espèce y semble moins sensible. Chevaux et chevreuils ne sont pas impactés.
Une dominante : les boiteries
Les symptômes sont variables mais une boiterie avec une raideur du train arrière ou d’une patte (gonflement) est souvent rapportée, associée à un fort amaigrissement. La production laitière a été très impactée dans cinq élevages laitiers (10-20 % de perte). Certains éleveurs décrivent une situation compliquée pendant deux mois, avec des animaux à drencher deux fois par jour et des vaches isolées en nursing qui ne se lèvent que difficilement pendant plusieurs semaines ! Toutes les tranches d’âge et races sont touchées : bœufs normands à l’herbe (avec mortalité de 50 % du lot à ce jour, deux autres étant en “petite forme”) ; laitières, en lactation ou au tarissement ; vaches allaitantes ; génisses ; veaux.
Des avortements sont décrits, mais ne semblent pas la règle, même lorsqu’un lot entier de taries a été touché.
Seuls deux élevages vaccinés ont été touchés : l’un avec un animal peu malade, guéri « avec un traitement basique », selon son éleveuse ; l’autre avec des vaches laitières hautes productrices, sensibles aux complications, avec une circulation minorée à 15 jours (versus 2 mois en pratique dans les élevages des départements très impactés).
Dans un quart des élevages, il y a au moins un animal mort (adultes en majorité, jusqu’à trois, y compris des bœufs en finition à l’herbe) :
- soit de la FCO-3 directement et rapidement par suite d’un syndrome respiratoire sévère ou une paralysie de l’œsophage (régurgitations) ;
- soit par amaigrissement et anorexie sans autre signe : insuffisance rénale décrite très fréquemment dans des autopsies faites dans certaines zones ;
- soit de complications liées à la FCO-3 : caillette, affections secondaires (mammites graves), etc.
Comment s’en protéger ?
La lutte contre les moucherons Culicoïdes est relativement compliquée. Ils sont partout ! L’efficacité des anti-mouches dans les études terrain relate un effet maximal de 50 %, et qui s’estompe après huit jours… c’est une aide mais non suffisante. Aucun traitement virucide n’existe à ce jour. La seule arme semble être le vaccin.
Au 12 décembre 2024, 300 892 doses de vaccins bovins ont été livrées gratuitement dans les structures vétérinaires de Seine-Maritime, couvrant donc plus de 150 000 bovins (deux doses à trois semaines d’écart). Disponible depuis le 12 août 2024 pour les élevages normands, il l’est pour toute la France depuis quelques semaines, rendant son approvisionnement compliqué ces derniers temps. La gratuité est promise jusqu’au 31 décembre 2024, dans la limite des stocks.
Concernant les moutons, c’est 88 950 doses distribuées (une dose/animal), en sachant que ces doses ont été délivrées en majorité en août/septembre entraînant une très bonne protection avant l’arrivée du virus en septembre.
L’efficacité du vaccin devrait être d’un an. Pour les éleveurs ayant vacciné en août, la recommandation est de revacciner avant la mise à l’herbe (une seule dose de rappel). Pour ceux ayant attendu la rentrée en bâtiment, le vaccin couvre donc la prochaine saison de pâture.
Très peu d’effets secondaires ont été rapportés, communs aux autres vaccins : quelques avortements vers 45-60 jours (maximum de deux par élevage), des nodules au site d’injection. Mais à ce jour, aucun cas de mortalité n’a été relié directement au vaccin ; des agnelles et des vaches ont mis bas, sans complication, de veaux/agneaux bien formés ; et les taureaux/béliers vaccinés ont bien fécondé les femelles (échographies positives).
En termes d’indemnisation, elle ne prend en compte que la mortalité des plus de 12 mois dans les foyers, et inclut divers paramétrages complexes. Le GDMA a d’ores et déjà appelé les élevages qui peuvent y prétendre pour monter les dossiers avec eux et aidera les suivants dès que les dossiers d’aides seront disponibles.
Pour rappel, toute suspicion fondée est prise en charge par l’État via la DDPP : déplacement et prélèvement par le vétérinaire sanitaire, analyses de laboratoires.
Et la MHE ?
La MHE n’est pas arrivée chez nous… pas encore ! Mais les symptômes décrits sont similaires, avec une sévérité plus marquée. Elle est arrivée dans le Maine-et-Loire par des achats avant de s’étendre à l’automne en Pays de la Loire, avec des éleveurs extrêmement impactés. Là encore un vaccin est disponible… mais payant, à commander auprès de vos vétérinaires. Le bon sens est de le faire, la maladie sera très certainement chez nous l’été prochain, et au vu de son impact et de l’absence de traitement possible, il faut s’en protéger.
En pratique, que peut-on faire ?
Toute maladie apparaît si l’agent pathogène est là et si le système immunitaire est défaillant.
Il faut donc éviter l’introduction de la maladie : attention aux achats des zones à risque ! De plus, deux élevages ont visiblement ramené la maladie de concours, soyons vigilants, évitons d’y aller. Le cas échéant, isoler les animaux au retour puis les dépister et un minimum pour protéger son troupeau (n’oublions pas que l’insecticide ne tue que 50 % des moucherons à son pic d’efficacité !).
En complément, il est primordial de veiller à garantir la meilleure immunité possible à nos animaux :
- avoir un abri, une hygiène correcte avec un apport de paille suffisant ;
- veiller à l’équilibre alimentaire entre apport protéique, énergétique, fibreux, minéral, en oligo-éléments et en vitamines, adapté au stade de production et à l’animal ;
- être vigilant sur les autres maladies qui fragilisent le système immunitaire : parasitisme (douve, bronchite vermineuse, strongles digestifs), paratuberculose, BVD, maladies de la reproduction (fièvre Q, néosporose), mammites d’environnement, diarrhées ou bronchopneumonies des veaux.
Se protéger semble essentiel : la vaccination est le seul atout thérapeutique dont nous disposons. Nos troupeaux ont plutôt bien passé cet automne, contrairement aux départements de l’Est ou des Pays de la Loire ; n’inversons pas la tendance ! Protégeons nos animaux avec la vaccination contre la FCO-3 et la MHE dès cet hiver, avant la mise à l’herbe et la recirculation du moucheron. Un vaccin coûte toujours moins qu’un animal mort, que du temps, du stress et de l’argent pour soigner des animaux.
Pour toute question, n’hésitez pas à nous appeler ou à venir nous voir en janvier lors de nos réunions de secteurs pour en discuter de vive voix.•